L’ éGLISE SAINTE-ANASTASIE

En 1095, Ratbold, évêque de Tournai et de Noyon, donna l’autel d’Houplines à l’abbaye bénédictine de Saint-Basle de Reims. Cette abbaye établit, sous le vocable de Saint-Anastase, un prieuré qui subsista jusqu’en 1790.

Quant à l’église Sainte-Anastasie, elle fut construite sur les bords de la Lys (actuellement rue Faidherbe, près du pont reliant la France à la Belgique).Outre la chapelle consacrée à sa sainte patronne, elle abritait des chapelles dédiées à Notre-Dame, Saint-Nicolas et Saint-Roch.

A l’heure actuelle, il est impossible de dater précisément la construction de l’église Sainte-Anastasie : les plus anciens textes connus concernant cette église remontent au seizième siècle. Ainsi, en 1515, la chapelle Sainte-Anastasie fut décorée d’une verrière offerte par l’abbesse de Marquette. On sait aussi qu’à cette époque l’office des moines se déroulait dans le chœur de l’église et que le curé exerçait ses fonctions dans cette chapelle Sainte-Anastasie.

L’église était construite en briques avec soubassement de grès ; les corniches de couronnement et les contours des fenêtres étaient en pierre blanche. Le chœur se terminait à pans coupés et les trois nefs étaient scindées par le transept. La façade était très sobre. Chaque face de la tour était percée d’une baie munie d’abat-son et surmontant une petite rosace.  Le portail, encadré de deux pilastres, s’ouvrait sous un fronton triangulaire. Ce fronton contrastait avec la fenêtre aveugle de type ogival.

A l’intérieur, les murs, lambrissés jusqu’à hauteur des fenêtres, étaient garnis de grands tableaux de peinture. Le choeur, aux voûtes de type ogival, était fermé par un banc de communion sculpté comportant deux médaillons, l’un représentant le sacrifice d’Abraham et l’autre la Manne.

Le clocher, qui se trouvait à l’origine sur le transept, fut rebâti en 1848 à l’entrée de l’église (comme celui de l’église Saint-Vaast à Armentières en 1847). Il abritait deux cloches : Célestine et Isabelle, fondues en 1813 par les Etablissements Drouot de Douai.

 

 

 L’église Sainte-Anastasie fut détruite lors de la guerre 1914-1918. L’abbé Vandenbrouck, vicaire,  et l’abbé Peulmeule réussirent à sauver les registres paroissiaux, les statues, le ciboire percé pour lequel l’abbé Bailleul se fit tuer, toute la série des ornements sacerdotaux dont celui de Mgr Bataille et la crosse épiscopale. 

 

 

 

 EGLISE PROVISOIRE

 

 Dans l’attente de la reconstruction de l’église, on installa une chapelle rue Carnot (à l’emplacement de l’ancien patronage). Cette chapelle fut construite par Messieurs Desreumaux et Crevits, entrepreneurs de maçonnerie à Houplines, aux frais d’un particulier houplinois. Les dommages de guerre prévus pour ce bâtiment n’avaient donc pas été utilisés et, en avril 1933, le conseil municipal demanda que cette somme de 4192 francs soit utilisée pour des travaux de construction de puisards, canalisations et trottoirs à l’église Saint-Charles.

 En 1923, une cloche fut achetée grâce à une avance sur dommages de guerre. Monsieur Debaille, fondeur à Jeumont, livra une cloche de 557 kilos avec battant et, comme support, des tréteaux de trois mètres de long sur un mètre cinquante de hauteur. Baptisée Anastasie-Georgette-Irmine le 25 mars 1923, elle eut pour parrain Monsieur Georges Roussel et pour marraine Madame Alphonse Catteau née Irmine Coudevylle. Par la suite, cette cloche fut installée dans la nouvelle église Sainte-Anastasie.

 

RECONSTRUCTION DE L’EGLISE

 

Les dommages de guerre versés aux communes sinistrées aidaient ces dernières à reconstruire leur ville. La municipalité d’Houplines choisit comme architecte Albert Baert, de Lille, et établit un ordre de priorité dans la reconstruction : l’hospice, les écoles, la mairie et enfin les églises.

En mai 1928, le conseil municipal, estimant que les églises provisoires au Bourg comme à la Route suffisaient à l’exercice du culte, souhaita affecter les crédits inscrits pour les églises à la construction de maisons ouvrières, mais le préfet refusa ce transfert.

Comme l’emplacement de l’ancienne église détruite était trop exigu suite à la construction d’une rampe d’accès au nouveau pont sur la Lys, la municipalité décida de reconstruire l’église sur l’emplacement de l’ancienne mairie (actuellement place Sainte-Anastasie). Mais le comité paroissial, des habitants et des commerçants, craignant que les quartiers du Pont Casier et de l’Epinette délaissent le Bourg pour se rendre à la Route et en profitent pour y faire leurs achats, lancèrent une pétition et émirent d’autres propositions : bâtir l’église soit rue Carnot soit à l’intersection des rues Thiers et des Nouvelles Ecoles (actuellement rue Musy), emplacements plus au centre de l’agglomération. Ces propositions furent rejetées par le conseil municipal pour les raisons suivantes : d’une part les terrains rue Carnot et rue Thiers étaient destinés à la construction d’habitations, d’autre part l’emplacement de l’ancienne mairie avait été envisagé dès les premières années d’après-guerre pour compenser le dommage causé à ce quartier par le déplacement de l’Hôtel de Ville.

L’église fut construite en briques et pierres sur un plan basilical. La nef haute est éclairée par des fenêtres en plein cintre reposant sur des colonnettes et disposées en rangées. Les bas-côtés sont dotés de deux fenêtres jumelées en plein cintre par travée. Le transept, haut mais non saillant, est enrichi de vitraux offerts par les familles Roussel et Mayolle-Forge, tandis que le chœur a reçu les vitraux donnés par les familles Catteau et Chuffart-Toquenne.

Le portail sous un arc à plusieurs ressauts abrite un tympan où l’on peut admirer deux anges sculptés tenant un médaillon circulaire portant les initiales entrelacées S.A. A côté de la façade se dresse la tour sur laquelle on observe des meurtrières et des ouvertures inscrites dans des arcs. Au-dessus de celles-ci, l’étage des cloches présente deux baies par face et est surmonté d’une toiture pyramidale recouverte de ciment. Comme à l’église Saint-Charles, des lucarnes s’ouvrent au milieu de la toiture principale et les conduits de cheminée sont dissimulés dans des pinacles gothiques ajourés.

L’église Sainte-Anastasie fut bénie le 23 décembre 1934 par Monseigneur Achille Liénart, une semaine après le baptême de deux nouvelles cloches : Marie-Louise et Louise-Victorine-Ludivine-Albertine. La première eut pour parrain Monsieur Louis Léger et pour marraine Madame Henri Rousssel, née Marie Debosque. La seconde était la filleule de Monsieur Victor Charlet et de Mademoiselle Louise Zwinguedau.

 

  Mis en ligne 20/04/2016