Il serait fastidieux d’énumérer les bombardements au cours des années qui suivirent. Les Allemands se montraient fort inégaux dans leurs tirs et ceux-ci étaient d’intensité très variable. Certains jours, les projectiles tombaient par centaines. Parfois, il y avait un ou deux jours d’accalmie. Souvent, par temps clair, des avions alliés et allemands évoluaient dans le ciel, ces derniers tentant de repérer les positions des batteries britanniques. Ils profitaient de leurs passages pour lancer quelques bombes.
Le 16 février 1915, les habitants reçurent à nouveau l’ordre d’évacuation de ce secteur. Et le 7 mars, redoutant les espions, les Britanniques ordonnèrent le départ de tous les étrangers réfugiés dans la ville. Ceux-ci furent suivis par de nombreux Houplinois. Mademoiselle Deletête fut blessée à la tête, et refusa encore de quitter son poste.
Le 3 mai 1915, les canons allemands, postés à la Champreuille de Verlinghem, à la Croix au Bois et la Houlette de Frelinghien, avaient ajusté leurs tirs sur l’église Sainte-Anastasie dont la tour dominait le champ de bataille, sur l’ordre du commandant Frishaltett dont le P.C. était installé au Funquereau. Aussi l’abbé Bailleul, malgré les personnes qui tentèrent de l’en empêcher, se précipita vers le sanctuaire pour mettre le Saint-Sacrement à l’abri. En cours de route, il trouva encore le temps de s’occuper de quelques victimes et d’imposer aux gens qu’il rencontrait de se mettre à l’abri. Alors qu’il s’apprêtait à franchir la porte de la sacristie, un obus le renversa, le blessant grièvement. Il fut relevé par les Anglais qui le transportèrent à la boulangerie Grouset, rue de la Liberté, où il expira dans d’atroces souffrances. Il fut d’abord inhumé dans un angle de la salle du cercle Saint-Henri, transformé en église provisoire. Et depuis le 2 juin 1920, il repose au cimetière communal, près du calvaire. Le ciboire percé d’éclats d’obus, pour lequel l’abbé se fit tuer, fut conservé pendant de longues années à l’église Sainte-Anastasie.
Après cet épisode dramatique, de nombreux habitants décidèrent de partir. Et le 10 mai le commissaire
« Makoko » signa 238 laissez-passer.
Le vendredi 5 juin eut lieu un terrible bombardement. La mairie était particulièrement visée. Le campanile s’effondra, entraînant avec lui quelques murs, et le bureau de poste ne fut plus que ruines.
Le mardi 3 août, il ne restait plus que 1000 habitants qui s’accrochaient encore dans leur ville dévastée. Le Bourg étant de plus en plus exposé, les Britanniques apposèrent des
affiches ordonnant l’évacuation complète de ce coin de la cité afin qu’il n’y ait plus un seul civil jusqu’à la ligne de chemin de fer, après la date du 9 septembre. Désormais, les seuls
Houplinois restant dans la ville occupaient les ruines d’Houplines-Route.
En 1915, et malgré les obus, il y eut 33 naissances et 9 mariages à Houplines. Mais 15 civils avaient encore perdu la vie sur Houplines, tués par les obus, et huit étaient décédés de leurs
blessures à l’hôpital d’Armentières. Désormais, les défunts étaient inhumés sur le côté de l’église Saint-Charles.